La Cour des Miracles
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Renaissance.

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Renaissance. Empty Renaissance.

Message  Marieke Lun 26 Oct - 22:59

Fin de la marche… retour à la civilisation.

Le silence pendant des jours, une marche dans le sable brûlant, un appel sortant d’une boîte, une procession, une porte. Et après la porte… Poum. Le Bruit, les Odeurs, les Couleurs. La Vie.



***



Une longue marche en plein Enfer, constamment harcelée par ses serviteurs, d’abord les plus évidents, Poussière, Chaleur et Soif… puis les plus insidieux, Silence, Illusions et Doute… une longue marche dont l’issue est forcément fatale quelque soit la direction qu’on suit. Une marche longue… mais plus la marche est longue, plus on a le temps de faire le point. Sur soi, sur le monde, sur la vie, sur Dieu, sur tout ce qu’on veut en fait… on a le temps. Y a plus que ça a faire d’ailleurs. Peut-être bien que ça aide à rester lucide le plus longtemps possible, de se raccrocher à des choses qui existent, à des concepts bien « humains », de se rappeler à chaque seconde qu’on est encore en vie… Ou peut-être bien au contraire que ça peut rendre frapadingue encore plus vite, de parler à voix haute, de se poser des questions et d’envisager les réponses, à s’en rendre schizo, à perdre tout contact avec le présent à force de ressasser le passé…


Flashback.
Quand on va mourir, y paraît qu’on voit toute sa vie défiler devant ses yeux. Ça commence même dès qu’on sait qu’on va mourir. Marieke en avait fait l’expérience.
Déjà pendant les jours où elle avait erré seule dans le désert, et qu’elle avait failli y crever. Quand elle avait mis le nez hors de la cave de ce qu’il restait des labos de son bahut, pour trouver le chaos et la désolation au lieu de son petit quartier planplan habituel. Savait-elle déjà qu’elle allait crever ? Sûrement.

Solitude et Folie.
C’est là qu’elle avait commencé à faire le tour de sa vie. Rapide, le tour. Quand on a à peine 17 piges, avec pour seules préoccupations, virer son acné, avoir 18 ans, et passer son bac pour calmer les nerfs de môman ; un chat et deux poissons rouges ; des parents assez rétrogrades pour toujours s’aimer et ne pas avoir eu la décence de faire comme tout le monde, à savoir : divorcer ; aucun traumatisme plus grave que d’avoir raté le passage de son groupe de rock préféré, ou de ne pas savoir avec qui Yann allait coucher lors de la soirée du lycée… ça mérite pas vraiment de perdre un mois en séance de psychanalyse avancée.

Mirages et Désorientation.
Les questions existentielles, ça vient vite après. Dieu, la Vie, si tout à un sens, le libre arbitre tout ça… Là, elle avait eu de quoi faire la gosse. Les questions, c’est l’apanage des jeunes, c’est bien connu. Quand on est grand, la petite voix qui pose les questions, on a finit par lui dire de se la fermer. Mais à 17 ans, elle est encore là, la petite voix endormie, mais là… suffit de pas grand-chose pour la faire se réveiller… un peu de solitude, un peu de désert, et hop, elle redébarque avec ses valoches et elle s’installe pour de bon, et pas en simple locataire, non madame, non monsieur… en bonne grosse propriétaire des lieux.

Renonciation.
Une fois qu’elle a eu tout passé en revue, la môme… Qu’il n’y a plus rien eu à évoquer, analyser, gratter… Elle a commencé à se laisser glisser tout doucement. A vouloir échapper à tout ça. Plus facile. Plus lâche aussi ? Ouais. Sûrement. Mais qui allait être là pour la juger ? Personne. Alors, pas de honte à se laisser aller , à se laisser crever. De toute façon, personne n’allait la regretter. Personne n’allait plus se soucier d’elle, de sa santé, de savoir si elle allait bien. Plus rien n’avait d’importance. Elle n’avait plus aucune importance.


Et puis… il y avait eu Peste.
Une main tendue au travers de la brume. Pas une main douce et charitable, non, une main qui l’avait secouée, qui lui avait quasiment collé une tarte pour la faire revenir vers les vivants.
Et elle était revenue, oui. Pas complètement, bien sûr. La solitude, ça laisse des traces. Y avait encore des ratés à l’étage du haut, ça c’est sûr. Mais dans l’ensemble, elle était là. Avec ses grands yeux gris de gosse et son corps de presque femme. Plus tout à fait l’un, et bientôt l’autre.
Pourtant, elle était pas vraiment attentionnée avec elle, la Peste. Indifférente. Pas foncièrement méchante avec elle. Pas des plus maternelles non plus. Juste indifférente. Juste ce qu’il faut d’attention, le minimum requis quand on se trimballe un boulet potentiel.
Mais elle s’en foutait, Marieke. La vie lui avait confisqué son train-train quotidien, l’avait envoyé en pénitence dans le désert, lui avait tout pris… mais lui avait donné Peste.
Elle est pas croyante, la gosse, ça non. Mais un signe comme ça… y avait pas plus évident pour elle. On avait placé Peste sur sa route, et c’était pas pour rien. Alors, destin ou pas, elle allait la suivre, sa Peste. Peu importe jusqu’où. De toute façon, chaque jour à côté d’elle était un jour de gagné sur la Vie.

Alors elle l’avait suivi, sa Peste. Quand la boîte qui leur servait de radio avait crachoté l’appel de Venus Flytrap, elle l’avait suivie. Quand il avait fallut porter les sacs du groupe, pendant que Peste se chargeait de leur compagnon trop faible pour marcher, elle avait pris les sacs sans rechigner.
Et la marche avait repris… Une longue marche en plein Enfer, constamment harcelée par ses serviteurs, d’abord les plus évidents, Poussière, Chaleur et Soif… puis les plus insidieux, Silence, Illusions et Doute…



***



Une marche dans le sable brûlant, un appel sortant d’une boîte, une procession, une porte. Une porte au bout de l’Enfer… Y avait quelque chose de ressemblant, comme le coup de la lumière au bout du tunnel, si vous voyez ce que je veux dire… Une porte au bout de l’Enfer… Et après la porte… Poum. Le Bruit, les Odeurs, les Couleurs. La Vie. Brutalement. En pleine poire.
Ca n’avait rien du Paradis escompté pourtant. La sueur, la crasse, la vermine, au milieu d’un va et vient constant de personnes… et quelles personnes. La Cour des Miracles. Des Miraculés, plutôt.
Marieke avait fait quelques pas au-dedans. Eblouie. Par la vue des parasites qui grouillaient partout, qui couraient le long des murs. Sonnée. Par le brouhaha incessant des voix qui s’apostrophaient, s’engueulaient, riaient, s’insultaient, le tout dans une désharmonie terrible. Frappée. Par les odeurs pestilentielles de la fange, de la boue, des excréments et de la sueur mêlés.

N’importe qui aurait vu dans ce tableau le Chaos, la Désolation, la Fin, bref un tas de mot écrits avec une majuscule pour que ça claque bien, quoi. Mais pas la gosse. Peut-être parce qui lui manquait une case, qui lui faisait voir les choses de travers. Ou peut-être pas, justement… Elle, ce qu’elle voyait devant elle, c’était la vie. Qui surnageait avec force, qui luttait pour pas crever. Qui se débattait dans la fange pour s’en arracher. Qui en sortait magnifiée, superbe de fragilité et de volonté. Une vie à laquelle elle voulait furieusement appartenir, la Marieke.



***



Une marche dans le sable brûlant, un appel sortant d’une boîte, une procession, une porte. Une porte au bout de l’Enfer…
Un retour à la Vie.

Une renaissance.
Marieke
Marieke

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Date d'inscription : 18/10/2009

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