Un négro bien élevé.

TEXTE DE BALDI :



Une fois de plus l'affreuse petite chose noire rampait à travers le campement en exhibant son membre plus que proéminent.

Si les raisonnements de Spok la firent légèrement sourire, son excitation et son inquiétude quant au voyage futur firent que la scène l'exaspéra rapidement.

Attrapant violemment le nain par le collet, elle le détourna de sa cible et sortit vivement la petite matraque qu'elle portait à la ceinture.

"Porco cane ! Prima te clono, poi meno a te, e pure a quell’altro."

Sur quoi elle se mit à lui battre les fesses à toute volée avec une énergie démente. Tout en continuant de beugler:

"Mettez donc une laisse à votre chien, Shérif ! Le mien en a bien une !!!"

La Baldi gueule et cogne sur le nain... Le Jango, calmement, redresse un bord de son chapeau, en examinant la scène... Scène plutôt cocasse, si on en juge l'expression mi douleur
mi plaisir sur la gueule du nabot noir qui se fait copieusement savater. La vieille ordure rit.

"Paix, Dona Baldi... Paix... Le cher Braqu'noard pensions pas à mal... J'pensons qu'ça sommes la période de rut pour ceusse d'son espèce. Vous savons comment sont ces négros... Hurk hurk hurk..."

Il soustrait le bon nain aux mains de sa tortionnaire, et lui file une calote derrière la tête, en guise de réprimande.

"Va t'en donc jouer, Bamboulax, j'avons à causer à la dame."

Le noiraud dispose, le vieux fumier se rapproche de la ritale, de près, assez près pour lui souffler aux oreilles.


"Dona Baldi... J'l'avons déjà dit, vous sont-ce la voix d'la raison... Mais j'commençons à en avoir ras les couilles d'vos p'tites crises et d'vos caprices. Ca avons tendance à m'rend' nerveux."

Il lisse sa moustache, toujours face à la donzelle.

"Et évitez donc d'me sortir vot' rasoir et d'me le braquer sur les couilles... Ca aussi ça avons tendance à m'rend' nerveux. J'me sommes fait compris?"

Un sourire illumine à nouveau la gueule du tordu.

"On somme une joyeuse communauté d'bienfaiteurs... Tâchons d'nous entend' comme tel..."

Devant ce dechainement de violence, Spock est consterne...

Mesdemoiselles, messieurs, veuillez conserver votre calme.

Ce nain est exasperant, je le reconnais, mais il ne nous met pas directement en danger. Et, comme le dit monsieur Jango, il n'est pas responsable de ses actes.
De plus, il semble appartenir a une espece intelligente, bien que moins evoluee que vous.

Toutefois, si ces troubles comportementaux persistent, la methode suggeree par mademoiselle Baldi me semble tout a fait appropriee pour nous preserver de ses debordements hormonaux, au moins le temps qu'il se remette de sa periode de ruth.

Il est logique de le priver momentanement de sa liberte pour le proteger des coups que vous semblez obliges de lui infliger.

Le nain fut retiré des griffes de l'Italienne qui le laissa s'échapper, un peu dépitée. Ecoutant vaguement les paroles de Spok, elle eut un geste d'agacement de la main en émettant petit un tss, tss pour l'éloigner.

Reportant son attention sur le shérif qui venait de lui susurrer quelques mots d'amour à l'oreille, elle reprit son sourire habituelle et, relevant son chapeau, se mit même à rire.


" Caro mio... Vous vous répétez il me semble. Inutile de me dire les choses deux fois.

Puis une fessée pour une branlée, c'est honnête n'est-ce pas ? voyez comme il a aimé ! Seriez-vous jaloux ? "


Rangeant la matraque, la belle indocile l'observait avec un air aussi narquois que rieur.

"Jaloux? Hurmpff... Très chère Dona Baldi, j'en avons bien, des tordures, ça j'en sommes conscient, pour sûr... Hurk hurk hurk... Mais j'avons jamais vraiment apprécié d'me faire fesser par des bacs à glace.

Et du reste... J'croyons qu'ça sont-ce utile d'vous répéter les choses deux fois... J'croyons même qu'ça m'casserions les couilles d'les répéter une troisième fois."

L'affreux renfonce son chapeau plus en avant sur sa figure, et s'en retourne, moulinant de la batte, et sifflotant des airs joyeux du bon temps.