Whisky, mon ami.

Le groupe du bon Shérif Jango avait déjà installé un campement provisoire dans les souterrains lorsque celui d'Elena le rejoignit après plusieurs heures de retards.

L'entomologiste et l'adjoint du Shérif arrivèrent en se gaussant largement de leur dernier mauvais coup, tandis que l'Italienne affichait son sourire charmeur des bons jours, le vieux sac militaire plus gonflé que jamais.

Ce fut immédiatement vers Jango qu'elle se dirigea. S'asseyant sans vergogne au milieu de l'espace personnel de vieil affreux, elle commença d'emblée à le chercher de son ton de plus doux.

"E allora ? Come sti ? Ne vous ai-je point trop manqué, cher Shérif ? Vous pouvez me l'avouer, vous savez."


Son sourire transpirait la provocation malicieuse. Pourtant la suite se révéla plus honnête que prévue.

"J'ai fait effectuer un petit détour hmmm... fructueux.

Et hmmm... Je me disais qu'un cadeau est toujours un signe de bonne... paix."

Plongeant les deux mains dans son sac devant elle, Elena brandit soudain deux bouteilles ambrées.

Naufragé au pays de la soif. Tel le malheureux perdu sur une île déserte, se contentait-il de lait de coco, qui finissait par l'écoeurer et le rendre malade, Jango, lui, se contentait depuis quelques temps d'un tord boyaux de mauvaise facture... Qui lui retournait plus les tripes qu'il ne le saoulait.

Et alors qu'il campait dans ce sordide égout, était arrivée, la lumière, le salut. Brandissant ses bouteilles comme la Sainte Vierge brandirait sa virginité, la ritale venait abreuver le malheureux fumier.

Il n'en faut pas plus au visage morose du salopard, pour s'éclairer d'un grand sourire, quand la grosse paluche avait empoignée la bouteille par le goulot. Bouteille immédiatement dévissée avec les dents.

"Dona Baldi... Vous sont-ce un ange."

Sans plus de cérémonie, la raclure s'enfile une bonne rasade, et tout revigoré et fringant, tend la bouteille à la Dona.

"Trinquez donc, mam'zelle Baldi... A not' ess'pédition humanitaire... Hurk hurk hurk..."